Maison Hobé
mardi 20 septembre 2011
HORS-SERIE
Ce petit message pour rendre compte du W-E des Journées du Patrimoine organisé par la Région de Bruxelles-Capitale. La maison Hobé n'était ouverte que le samedi 17 septembre mais quel succès : plus de 700 personnes ont fait la file pour visiter la maison et découvrir les restaurations. Un grand merci tout particulier à Anne-Sophie Augustyniak de l'IRPA qui a expliqué à tous les groupes les sondages effectués par l'IRPA et également le processus de fabrication du fameux papier "japonais" du salon central. Les visiteurs étaient enchantés par la visite de la maison et cela nous a tous permis de partager notre passion!
mardi 13 septembre 2011
Chapitre X. A propos des papiers peints, un petit tour dans l’histoire…
Nous renseignons ici l’excellent article publié par Bernard Jacqué, conservateur du musée du Papier peint à Rixheim (France) sur le site du Service Culture Editions Ressources pour l’Education Nationale : suivez le lien :
Dégagement des différentes couches de papiers dans le bureau
Chapitre IX. Le montage financier
Grâce à la Région de Bruxelles-Capitale, les subventions couvriront une partie conséquente du budget. En fonction du type de travaux, de 40 % à 80 % de subsides sont alloués pour chaque catégorie de travaux. Schématiquement, le principe est le suivant : pour un élément patrimonial disparu (mais documenté) ou en état trop dégradé pour que être restauré, la Région accorde une subvention de 80% du coût total, TVA comprise. Si par contre, il s’agit de restaurer un élément patrimonial toujours présent mais partiellement dégradé, considéré comme « récupérable », le taux de subsides est de 40 %. C’est ainsi par exemple que la reproduction des nouveaux papiers peints rentrera dans la première catégorie et que le traitement des boiseries ou la remise en peinture de zones de papier conservées mais surpeintes seront dans la seconde catégorie. Bien entendu, ces subventions ne sont allouées qu’en cas de respect scrupuleux des conditions de restauration fixées par la CRMS et la DMS. Les parties de travaux non subsidiées seront prises en charge par les Quakers.
Chapitre VIII. La saga des permis d’urbanisme
Une fois les options de restauration faites, après la rédaction des cahiers des charges et le choix des entreprises, vient la partie administrative, un peu le parcours du combattant.
Pour une série de raisons, les travaux feront l’objet de trois permis d’urbanisme différents.
La 1ère demande de permis porte sur les travaux de menuiserie, d’électricité et de réfection des joints de façade arrière, nous y reviendrons plus loin. Ce dernier poste commencera donc au début du mois de juillet 2009, ce qui marquera réellement le début des travaux, plus de trois ans après le classement !
Cette première demande de permis est déposée en novembre 2008. En février 2009 déjà, la Direction de l’Urbanisme de la Région octroie la dispense de permis unique, considérant que la demande porte sur des travaux d’entretien et de conservation dispensés de permis.
Le deuxième permis d’urbanisme demandé sera le plus important puisque consacré à la reconstitution et la restauration des décors : papiers peints, mise en peinture, tentures et brise-vues, rénovation de la verrière du lanterneau et restauration du vitrail de la salle à manger.
Il est intéressant de citer des extrait de l’avis conforme de la Commission Royale des Monuments et Sites (CRMS), appelée à se prononcer sur le projet dans le cadre de la procédure de délivrance du permis : « des études très poussées des finitions successives des différentes pièces ont été réalisées par l’IRPA et par un atelier de conservation d’œuvre d’art. Il s’agit d’un travail tout-à-fait remarquable permettant, à quelques exemples près, de documenter l’ensemble du décor d’origine. La CMRS félicite le maître de l’ouvrage et les auteurs des études préalables de cette initiative et du travail effectué. La Commission apprécie également les efforts consentis par le maître de l’ouvrage pour trouver des artisans et des restaurateurs expérimentés pouvant réaliser les nouveaux papiers peints et les travaux de peinture dans les règles de l’art (…). La CRMS souscrit pleinement à ces travaux de restauration / restitution qui permettront de retrouver le caractère originel de la maison classée et qui constitueront une expérience exceptionnelle dans le domaine de la conservation/restauration d’intérieurs historiques (…). Pour conclure, la CRMS se réjouit du présent projet qu’elle considère comme exemplaire et de très grande qualité ».
Ouf, n’en jetez plus, la coupe est pleine !
Chapitre VII. Rencontres avec des artisans passionnants et passionnés
La liste des entreprises contactées pour l’ensemble des travaux est impressionnante. Pour donner quelques exemples, 9 menuisiers-ébénistes, 4 électriciens, 4 entreprises de rénovation de façades, 12 entreprises de peinture, 6 restaurateurs de vitraux, 5 artisans en papiers peints et on en passe. Et encore, il a fallu courir derrière ! C’est fou le nombre de personnes qui se sont présentées pour établir un devis et qui n’ont plus jamais donné signe de vie ! Tout ceci pour obtenir finalement 3 devis dans chaque catégorie de travaux.
A côté de cela, les artisans et entreprises qui ont finalement rendu prix et avec lesquelles les travaux ont été exécutés étaient de véritables passionnés de leurs métiers et les rencontrer a été des moments particulièrement enrichissants. Je pourrais d’ailleurs en dire tout autant des personnes de la DMS, l’IRPA et de Conservart qui m’ont toutes appris une foule de choses intéressantes.
Le choix des artisans et des entreprises fut bien évidemment un moment clé dans cette grande aventure que fut la rénovation de cette maison. Il n’était pas question de se planter ! A nouveau, la DMS et l’IRPA ont été mis à contribution afin que le choix fût le bon, en particulier pour celui des artisans en papiers peints et pour entreprises de peinture, parce que dans les deux cas, il fallait des corps de métier à la hauteur de la tâche.
Pour les papiers peints, il a été demandé à chaque artisan de se présenter une première fois avec des échantillons de papiers similaires à ceux à reproduire. Cela a permis d’apprécier le savoir-faire des ces artisans et de choisir en connaissance de cause. Le choix s’est finalement porté, pour l’ensemble des papiers, sur l’Atelier d’Offard, artisan français dont l’atelier est à Tours.
Comparaison du papier d'origine du bureau avec un échantillon présenté par Atelier d'Offard
Pour les boiseries, le choix s’est porté sur l’atelier Art et Restauration. Les travaux de rénovation électrique ont été confiés à l’électricien Vandervelde, tandis que la réfection des joints de façade extérieure l’a été à la société Isodecor. Quant aux importants travaux de peinture, c’est la société Camaieu, dont le responsable Christian Feuillau n’est plus à présenter dans le petit monde de la restauration de monuments classés à Bruxelles et au-delà. La restauration du vitrail de la salle à manger a été confiée à un autre expert dans son domaine, Monsieur Gdalewitch. On peut encore citer la miroiterie Leys qui a déniché les vitrages anciens permettant d’harmoniser le lanterneau de la cage d’escaliers et, last but not least, l’Atelier Jordens a été précieux pour toute une série d’interventions de plafonnage et d’enduisage délicats. Enfin, deux fournisseurs de talent, d’une part Madame Dawance de la société Percaline pour les tentures et société Didden & Co pour les tapis de la cage d’escaliers ont apporté la touche finale indispensable à la mise en valeur des décors reconstitués.
Chapitre VI. Le rôle de la DMS et de l’IRPA et les choix de restauration
C’est en concertation étroite avec la DMS (Direction des Monuments et Sites de la Région de Bruxelles-Capitale) et l’IRPA (Institut Royal du Patrimoine Artistique) que les grandes lignes des principes de la rénovation-restauration de la maison seront définis. Il faut ici souligner le rôle prépondérant de Guy Conde-Reis, architecte de la DMS, et de Sophie Augustyniak, de l’IRPA, qui ont suivi pas à pas les préparatifs du chantier, ont émis certains conseils judicieux lors du choix des artisans, ont examiné les échantillons de papiers et ont suivi le chantier une fois celui-ci lancé. L’apport de Françoise Aubry, conservatrice du musée Horta, qui a fait part de son immense expérience de l’Art nouveau, a été déterminant à plus d’un titre. Wivine Waillez, également membre de l’IRPA et grande spécialiste des papiers japonais, a, elle aussi, apporté sa pierre à l’édifice.
C’est donc, à des degrés divers, avec toutes ces personnes que les grandes options de restauration seront définies.
1ère option : conserver le plus possible les papiers d’origine là où cela s’avère possible. Ce sera donc le cas dans la cage d’escaliers et les halls. A part des zones où ce papier a été retiré ou couvert d’un enduit (premier hall), ou encore abîmé par des infiltrations d’eau (2ème étage) il est dans l’ensemble en bon état de conservation et il n’y a qu’une seule couche de peinture (blanche) ajoutée. Décaper cette couche ultérieure est virtuellement impossible vu les volumes de la cage d’escaliers. Il est donc décidé de compléter le papier là où il est manquant ou dégradé et de le repeindre entièrement dans les couleurs d’origine, déterminée par les sondages.
Papiers peints plus récents retrouvés derrière des goulottes électriques dans le bureau au rez-de-chaussée
2ème option : là où les papiers les plus anciens sont trop dégradés que pour être restaurés ou conservés, il est décidé de reproduire ces papiers aussi fidèlement qu’à l’origine, tout en conservant des zones témoin montrant le papier d’origine. Cette option s’imposera pour le bureau, pour la salle à manger, pour le salon-fumoir (bow window) et pour le petit salon.
3ème option : pour le papier japonais du salon central, la décision sera beaucoup plus complexe, d’une part parce qu’il y a 4 papiers différents dans cette seule pièce et d’autre part parce que le papier japonais de la partie principale des murs est considéré comme le plus intéressant d’un point de vue patrimonial. Après de longues discussions et changements de caps, il est finalement décidé de conserver et repeindre trois des quatre papiers (registre inférieur des murs, frise et plafond) et, pour le fameux papier japonais, de le conserver sur les murs tout en le recouvrant avec un nouveau papier reproduit à l’identique et peint ensuite in situ pour lui donner son aspect d’origine. On le verra, pour ce seul papier, ce sera toute une aventure !
On n’en oublierait presque que d’autres travaux seront entrepris avant la phase de restauration des papiers peints : rénovation des boiseries pour la cage d’escaliers et le « bel étage », rénovation du lanterneau avec harmonisation des vitrages et restauration du vitrail de la salle à manger, refonte complète de l’installation électrique, et réfection des joints de la façade arrière. C’est d’ailleurs par ce dernier poste que commenceront les travaux en juillet 2009, nous y reviendrons.
Ces grandes options définies, vient la phase de rédaction du cahier des charges et ensuite commence la « chasse aux devis ».
Chapitre V. Et le propriétaire, qu’en pense-t-il ?
Le propriétaire est en réalité une fondation anglaise, la Friends Trust Limited, coupole des Quakers anglais. L’association occupant les locaux au moment du classement de la maison n’est que locataire mais représente en quelque sorte le propriétaire qui n’a aucun autre représentant en Belgique. C’est donc à Xavier Verhaeghe, expert immobilier et bénéficiant déjà d’une longue expérience de rénovation d’un bien classé (le Passage du Nord à Bruxelles, voir www.passagedunord.be) qu’est confiée la coordination de la rénovation, en lien étroit avec Kevin Ellis, personne de contact de la Fondation anglaise, qui viendra plusieurs fois à Bruxelles durant le processus de rénovation pour suivre l’évolution des travaux.
Il faut ici souligner que ce propriétaire parviendra à donner une confiance absolue à la personne en charge de la rénovation. Jamais il ne tentera d’imposer ses vues ou son approche. Pourtant, il est aussi en charge de la rénovation de bâtiments classés en Angleterre mais il sait qu’un pays n’est pas l’autre et qu’il vaut mieux faire confiance à une personne locale qui sera plus susceptible de maîtriser le dossier.
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