lundi 12 septembre 2011

2. L'intérieur de la Maison


2.1. Rez-de-chaussée

Si l’extérieur de la maison laisse déjà apprécier le souci du détail de Georges Hobé, les intérieurs vont permettre à ce décorateur dans l’âme de donner sa pleine mesure. Le bois y a une importance prépondérante, ce qui n’étonnera personne puisque, rappelons-le, Georges Hobé est ébéniste et fils d’ébéniste. La variété des essences utilisées en témoignera également.

On accède à l’intérieur de la maison grâce à un double hall. Le premier était anciennement destiné à permettre l’accueil des clients du premier propriétaire de la maison, l’agent de change Van der Stappen. Le bureau d’accueil étant situé directement à droite en entrant, les visiteurs n’avaient pas accès au hall privatif donnant accès à la cage d’escaliers. Ces deux halls sont séparés par une double porte en bois à petits-bois et verres biseautés. Anciennement, une porte, supprimée, permettait aux visiteurs d’avoir accès au cabinet de toilettes depuis ce premier hall. Les fonctions entre le hall d’accueil et le hall privatif étaient ainsi bien distinguées.



Le hall principal donne accès au cabinet de toilettes, par une porte existante à l’origine, à la cage d‘escaliers et à un vestibule donnant accès la zone de services de la maison, à l’arrière. L’accès aux bureaux du rez-de-chaussée se fait également par ce hall.

Les murs et plafonds de ces deux halls sont recouverts de 3 papiers « Art nouveau » ; dans le registre inférieur des murs, un premier papier peint épais à motif de feuilles en relief ; dans le registre supérieur des murs, un papier peint à motif végétal en relief très prononcé, séparé du plafond par une frise assortie. Le plafond est décoré d’un 3ème papier peint à motif floral également en relief. Nous reviendrons plus loin en détail sur ces papiers, leur (re)découverte et sur d’autres aspects révélés par les sondages, ainsi bien sûr que sur leur rénovation.

Les bureaux du rez-de-chaussée comportent actuellement 3 pièces en enfilade. Le premier bureau a déjà été évoqué ; il servait de bureau d’accueil pour les clients. Le second bureau est le plus grand ; une imposante cheminée en pierre y est toujours visible. Le 3ème bureau, en façade arrière, était anciennement la cuisine. Une baie de porte a été percée dans le mur constitué d’une armoire étagère pour permettre l’agrandissement des bureaux à cette pièce arrière. Les murs de deux bureaux d’origine sont recouverts de lambris en bois dans leur partie inférieure et de papiers peints à motifs floraux dans leur partie supérieure. Les plafonds de ces deux pièces sont eux aussi recouverts d’un papier peint à motif floral. Ici aussi, nous renvoyons le lecteur aux chapitres consacrés à la découverte et à la reproduction de ces papiers.

2.2. Cages d’escaliers

La liaison entre les différents niveaux de la maison est assurée principalement par une imposante cage d’escaliers en bois massif, surmontée d’un lanterneau, typique des cages d’escaliers « Art nouveau ». Les papiers peints muraux du hall se prolongent dans la totalité de la cage d’escaliers. Notons que si le dernier étage était celui des domestiques, cela n’avait pas empêché de prolonger la décoration murale jusqu’à ce dernier niveau. On trouve donc deux papiers, l’un en partie basse des murs, le second en partie haute, séparés par une baguette en bois. Les paillasses ne comportaient pas de papier selon les sondages ; ils sont actuellement enduits et peints.



Un second escalier dessert les pièces arrière, partie office et ancienne cuisine au rez-de-chaussée et cuisine actuelle au 1er étage. Cet escalier menait à l’origine jusqu’à l’entresol du 2ème étage, communiquant avec ce 2ème étage qui était l’étage des maîtres. Cet escalier permettait donc une circulation des domestiques depuis la cave jusqu’au 2ème étage où une porte située à l’entresol permet de rejoindre la cage d’escaliers principale. A une époque plus récente, cet escalier a été condamné entre le 1er étage et le 2ème pour permettre l’aménagement d’une salle de bain au 2ème étage.

2.3. 1er étage

Un vaste palier dessert toutes les pièces du 1er étage. On peut aussi accéder d’une pièce à l’autre par de grandes portes. Commençons tout d’abord par la salle à manger, dont les baies de fenêtres donnent sur la rue des Eburons. Cette belle pièce rectangulaire se présente en deux parties, une première avec un plafond assez bas, proche de la cuisine, sorte de zone de service comportant un grand miroir biseauté; ensuite la partie salle à manger proprement dite avec son haut plafond avec des cadres en bois, ses lambris, ses hautes portes comportant des vitraux en très bon état de conservation, le tout étant d’origine et de la main de Georges Hobé.

Une petite particularité pour la personne attentive : une baguette de laiton se trouve encastrée dans le parquet de sol depuis le mur jusqu’approximativement au milieu de la pièce, attirant la curiosité. Il s’agissait en fait d’une protection du fil électrique alimentant la sonnette permettant aux maîtres d’appeler les domestiques ! Après mure réflexion, plutôt que de l’enlever (et de devoir prolonger le parquet), il a été décidé de la laisser in situ ; après tout, elle fait partie de l’histoire de la pièce et témoigne de la façon de vivre de l’époque.

Le vitrail qui se trouve dans le châssis face à la porte d’entrée de cette salle à manger retient immanquablement l’attention : lorsque cette porte est ouverte, il se voit depuis le bout du palier de l’autre côté de la maison et ce n’est certainement pas un hasard. Restauré dans le cadre des travaux par Gdalewitch, ce magnifique vitrail représente une rue d’une ville indéterminée mais qui fait penser par certains aspects à une architecture médiévale ; certains y voient plutôt des ressemblances avec des villages de d’Alsace… Quoi qu’il en soit, il participe à la forte atmosphère de cette pièce.



La salle à manger est éclairée par une baie tripartite ; deux petits châssis ouvrants à arc surbaissé avec des vitres translucides colorées donnent vers la cour arrière. Les papiers peints des plafonds et murs ont été minutieusement reproduits à l’identique grâce aux fragments découverts çà et là.

Depuis la salle à manger, on peut avoir accès d’une part à la cuisine en partie arrière de la maison, mais surtout, par des grandes portes vitrées dont les parties supérieures comportent des vitraux art nouveau colorés et dans le bas des carreaux en verre biseautés, le tout en excellent état de conservation. Ces portes en 5 pans ont la particularité de s’ouvrir entièrement, permettant ainsi d’ouvrir un grand espace de réception. On accède ainsi au salon central. Celui-ci est éclairé par une grande baie vitrée donnant également sur la rue des Eburons. 



Cette pièce comporte les papiers peints les plus remarquables de la maison. Trois d’entre eux sont d’origine et ont été conservés et repeints dans les couleurs d’origine : ceux du plafond, de la frise et du registre inférieur des murs. Le registre supérieur des murs comporte toujours le papier japonais d’origine mais ayant été surpeint à de nombreuses reprises, il était impossible de le dégager pour lui donner don volume et son aspect d’origine. Il a donc été reproduit à l’identique par l’Atelier d’Offard et repeint in situ par Claire Fontaine.

On accède au salon d’angle, anciennement le fumoir, par une porte à trois battants avec vitraux Art Nouveau qui, à l’instar des portes pliantes entre la salle à manger et le salon central, s’ouvrent entièrement, permettant ainsi d’apprécier les décors sur toute la longueur de la maison. Cette pièce d’angle se caractérise bien entendu particulièrement par le bow window qui projette le visiteur dans le panorama extérieur et en particulier dans la verdure du parc du square Ambiorix. Ce bow window est l’élémént déterminant permettant d’associer la maison au style cottage dont on sait que Georges Hobé était un chaud partisan. Outre le bow window, on peut aussi désormais y apprécier les 3 papiers peints, tous réalisés à l’identique des papiers les plus anciens découverts sur les murs et plafond. L’ensemble donne une forte personnalité à cette pièce qui en impose par la richesse des formes et des couleurs. Soulignons aussi la présence du canapé-miroir, pièce datée par un cartouche de l’année 1901 ; sa présence à cet endroit est certainement d’origine, en témoignent, outre cette date, l’encastrement de ce meuble dans le lambris et les plinthes. Par ailleurs, il a été établi que Georges Hobé a personnellement réalisé des meubles comme à la villa spadoise Orizaba qui abrite un meuble encastré daté de 1894, attribué à Hobé grâce au cartouche qui figure au revers d’un des miroirs (Soo Yang Geuzaine ,Le style cottage selon Georges Hobé, Versant Sud, 2008, p. 59).

Ce salon est également accessible par le palier, tout comme le petit salon situé au-dessus de la porte d’entrée de la maison, qui est pourvu lui aussi d’un bow window, de dimension plus modeste que celui du salon d’angle. Dans cette pièce, qui communique également directement avec le salon d’angle (par une porte coulissante !) et avec le palier, le papier des murs, typiquement Art Nouveau, a été refait à l’identique du plus ancien papier trouvé sur les murs. Par contre, le papier du plafond ayant entièrement disparu (suite à un effondrement du plafond il y a quelques années), ce plafond et les moulures ont simplement été peints dans des couleurs se mariant le mieux avec les couleurs du papier peint des murs. Mentionnons également les deux frises qui encadrent ce papier qui à elles seules montrent le soin apporté à ces décors.

En ayant ainsi parcouru les plus belles parties de la maison, on ne peut qu’être d’accord avec Soo Yang Geuzaine qui, dans son ouvrage à propos de Georges Hobé, observe que « la qualité de l’agencement des espaces intérieurs, qui répondent à une logique rationnelle, est guidée par un souci de confort en adéquation avec le mode de vie et la personnalité du commanditaire » des lieux. (Soo Yang Geuzaine op.cit., p. 67). Mieux encore, pour reprendre la phrase de Georges Hobé lui-même, « ce sont les nécessités du dedans qui commandent les aspects du dehors et qui les expliquent ».

2.4. Etages supérieurs

Aux autres étages, plusieurs transformations ont malheureusement fait perdre les volumes d’origine. Au 2ème, les chambres des premiers propriétaires ont été aménagés en appartement comprenant salle de bain, cuisine, living, nécessitant pose de cloisons et faux plafonds. On ne retrouve que très peu d’éléments d’origine : les plafonds d’origine, en mauvais état, sont visibles par des trappes dans les faux plafonds ; les quincailleries des châssis (conservés) sont aussi d’origine. Au 3ème, les combles mansardés, autrefois les lieux de vie des domestiques, ont aussi été transformés par l’ajout de cloisons pour créer des chambres supplémentaires ou des salles d’eau. Et en façade, en comparant les photos anciennes et la situation actuelle, on constate qu’un chien assis a été ajouté au 3ème étage, afin de donner de la lumière naturelle à une pièce cloisonnée devenue une salle d’eau. L’ensemble des châssis de ce niveau a été remplacé par des châssis en bois double vitrage, à l’exception des châssis du palier qui sont encore les fenêtres d’origine.

Sous toiture, un grenier accessible par un petit escalier permet d’apprécier la charpente de toiture et la structure du lanterneau. La verrière surplombant le lanterneau est actuellement composé d’un ondulé translucide en matériau de type plexiglas ; ce n’est pas le matériau d’origine bien sûr. Cela affecte la quantité de lumière pénétrant dans la cage d’escaliers ; on peut supposer que la lumière était plus forte à l’origine. 



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