mardi 13 septembre 2011

Chapitre IV. Rénovation, restauration, reconstitution, restitution… mais encore ?!


Les résultats des sondages montrent une situation contrastée. Certains papiers peints sont intacts ou presque mais en partie incomplets (cage d’escaliers), d’autres sont en très mauvais états et assez lacunaires (papier peint le plus ancien des murs de la salle à manger par exemple). Dans d’autres cas, le papier peint est bien présent mais fortement surpeint (salon central). On rencontre aussi dans la plupart des pièces des strates de différents papiers mais ce n’est pas toujours « le plus ancien » qui est le plus intéressant d’un point de vue patrimonial. Enfin, dans certaines pièces, on a deux papiers peints « le plus ancien » et il est difficile de savoir lequel est « le bon ». C’est le cas du grand bureau du rez-de-chaussée où on retrouve sur un mur le papier qu’on appellera « jaune bouton d’or » et celui qui sera désigné comme « gris souris » ; sur le mur où l’un de ces papiers a été découvert, on ne trouve nulle trace de l’autre et inversement : quel est « l’original » ? Et, pour compliquer encore les choses, aucun de ces deux papiers ne se retrouve dans le petit bureau adjacent où c’est encore un troisième « plus ancien » papier qui est découvert sous d’autres couches plus récentes.

Dégagement du papier original dans le salon d'angle

Bref, comment déterminer pièce par pièce une politique de restauration ou de remplacement, tout en conservant une vision d’ensemble qui donnera une cohérence à l’ensemble en bout de course ?

Et comment concilier la volonté de restauration des décors d’origine (donc en théorie les plus anciens) avec l’inévitable perception qu’on peut en avoir de nos jours ? L’appréciation de tel ou tel papier n’est pas la même aujourd’hui, elle n’est pas la même pour tous les intervenants au dossier, pensons par exemple aux différences d’approche possibles entre le maître d’ouvrage, qui va devoir « habiter » le bien, et les spécialistes de la conservation-restauration ? Cette opposition se marquera notamment lors du choix des couleurs de remise en peinture du papier conservé dans la cage d’escaliers. Les couleurs choisies, sur base des sondages, font très peur aux utilisateurs de la maison, qui craignent de se retrouver avec une cage d’escaliers très sombre. Et, au final, ces craintes ne se sont pas justifiées et le résultat est très réussi.

Car, effectivement, la maison Hobé ne deviendra pas un musée à la fin de la rénovation : les bureaux du rez-de-chaussée sont utilisés au quotidien, la salle à manger et les salons du 1er étage sont régulièrement loués pour des séminaires, réunions, cocktails… Pas vraiment compatible avec une parfaite conservation de décors anciens, en particulier des papiers peints très fragiles, pour lesquels il faut veiller à éviter les UV, la pollution extérieure, les importants changements de température, etc.

Se posent encore les inévitables questions de coût. Dans quelle mesure est-ce possible financièrement de procéder à un dégagement minutieux de tel ou tel papier, en enlevant les couches de papiers mises ultérieurement ou en décapant la peinture apposée sur le papier ? Et est-ce que le résultat final sera à la hauteur, le papier ayant inévitablement été altéré par les remises en décor successives ?

Dégagement du papier japonais dans le salon central

Enfin, il ne s’agit pas non plus de faire du « faux » vieux et de tromper les visiteurs de la maison en leur fabriquant un décor « authentique » mais en réalité entièrement neuf, réalisé avec des techniques d’aujourd’hui.

Il faudra donc louvoyer entre toutes ces contraintes et ces réalités et tenir compte de l’ensemble des paramètres.

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